Sa biographie :
Eugène BIZEAU est né le 29 mai 1883 à Véretz (prononcer
« Vérett »), petit village de Touraine situé au bord du Cher, près de Montlouis
et Vouvray, village du célèbre pamphlétaire Paul-Louis COURIER, et est mort à
Tours le 17 avril 1989 à près de cent-six ans. Il a vécu son enfance en
Touraine. Autodidacte, il a quitté l’école après le certificat d’études
primaires. Il a pour père Eugène BIZEAU, né en 1843, libre penseur qui luttait
pour une république sociale.
Il alla à l’école laïque où il fut raillé par ses petits
camarades car il n’était pas baptisé. Il a écrit son premier poème à sept ou
huit ans et avait de très bons résultats scolaires mais il a dû gagner sa vie
très tôt, dès le certificat d’études, à treize ans. Il est devenu domestique
jardinier au « Verger » (aujourd’hui maison de retraite) à quinze ans pour un
salaire insignifiant (vingt-cinq sous par jour), puis casseur de pierres sur les
routes avec son père pendant l’hiver 1898, puis apprenti vigneron.
Ayant arrêté toute étude pour travailler, il s’intéressait
malgré tout à l’actualité et il nous confie dans son journal personnel, qu’il
lisait toujours le journal de son patron avant de lui donner. Plus tard, il lit
Paul-Louis COURIER, PROUDHON, BLANQUI, RENAN, VIGNY, ESQUIROS, BÉRANGER, et de
vieux recueils populaires qu’il trouve chez son père. Des journaux libertaires
circulaient et il les lit grâce à des ouvriers de passage, d’anciens paysans,
des employés du chemin de fer… Ses poèmes sont censurés comme « Franchise »
(dans le « Libertaire » du 29 juin 1919).
Très tôt, il affirme ses convictions politiques : à quatorze
ans, il est déjà abonné au « Libertaire » puis il s’abonne au « Père Peinard »
d’Émile POUGET, l’un des fondateurs de la CGT et il rimaille, mettant sa plume
au service de ses convictions politiques. Il est attaché à la paix, à la
démocratie et au progrès social comme d’ailleurs ses ancêtres proches. Il est
révolté de voir le salaire dérisoire de certains face à des riches cousus d’or
et qui se croient tout permis. À vingt-quatre ans, en 1907, il est vigneron et
poète libertaire. Il collabore à la revue « L’Anarchie ». En 1910, il participe
à « la Muse Rouge », groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires. Nombreux
sont ses poèmes mis en musique dans les années 1912 – 1924.
Il épousa en 1916, en Auvergne, Adélaïde CHAMBONNIÈRE, appelée
Anne, institutrice et poète qui partageait ses idées anarchistes. Eugène BIZEAU
émigre comme jardinier à Massiac en Auvergne car sa femme n’a pas pu obtenir sa
mutation en Touraine pour raison syndicale. Il eurent deux enfants, Max et
Claire cinq ans plus tard.
Ils reviendront vivre 27, rue Chaude à Véretz à la fin de la
seconde guerre mondiale, gardant toujours le même idéal. Sa maison a le charme
des vieilles maisons tourangelles accrochées au rocher de tuffeau. Il renoue
alors avec son métier de vigneron. À quatre-vingt-dix ans, il doit renoncer à
cultiver sa vigne et en est désolé. Un an plus tard, sa femme meurt, autre
chagrin intense puisqu’ils avaient vécu cinquante-six ans ensemble. De 1974 à
son décès, il est seul à Véretz, soigne son jardin floral et potager, fait sa
cuisine. Il consacre ses après-midi à la lecture, le courrier et l’écriture
quand il ne reçoit pas des amis. Membre actif d’Art et Poésie de Touraine,
association régionale de poésie, il fait partie du jury pour la remise des prix
des Jeux Floraux qui ont lieu tous les deux ans.
Son portrait :Il était anarchiste, athée, pacifiste, jardinier, apiculteur, vigneron et poète. Comme il le dit lui-même, il ne faut pas confondre anarchiste et terroriste : l’anarchiste n’est pas un poseur de bombes ! Il faut comprendre anarchiste dans le sens de libertaire qui veut l’épanouissement complet de l’individu dans la fraternité. Il dit aussi :
« Je suis devenu anarchiste, parce que cette société ne me convenait pas, elle était trop injuste… » (Verrues sociales, page 21)
Il aimait parler de Paul-Louis COURIER abattu en forêt de Larçay, parce qu’il partageait ses convictions et regrettait son assassinat jamais éclairci. Il était d’autant plus sensible à cet événement que sa grand-mère, la petite « MOREAU » avait été la dernière du village à avoir vu cet écrivain célèbre avant sa mort.
Voici comment il se décrit lors de la présentation au groupe de
chansonniers révolutionnaires de la Muse Rouge :
Vit par ses efforts sur le sol natal.
Pétrit ses chansons d’amour et de haine
Et se trouve aussi bien d’avoir tourné mal. »
(cité par Christian PIROT dans Eugène BIZEAU a cent ans, page
26)
Dans ses poèmes, il transmet ses idées comme par exemple avec
deux poèmes anti-colonialistes : « Cassons la gueule aux Maroquins » (1907) et
« Gloria Victis » (1909). De nombreux textes sur ces idées, ont été repris dans
son livre « Verrues sociales » en 1914 puis dans « Victoire de la perquisition
policière » en 1918 enfin dans « Croquis de rue » en 1933. Pour le côté
anticlérical, il en parle souvent comme dans « Sacré Cœur » en 1912. Attiré par
la chanson, il admire les poètes du Chat Noir.
Il a défendu avec ardeur, les causes qui lui semblaient justes
comme celle d’Hélène BRION, institutrice pacifiste inculpée de défaitisme et
détenue à la prison de Saint-Lazare. Lui-même sera perquisitionné. Cela ne
l’empêchera pas de continuer à clamer ses idées.
Il a milité dans ses écrits pour la paix et la laïcité et a
publié de nombreux poèmes et recueils de poésie au fil de sa vie, sans se croire
un poète de grande envergure mais dans le but de mieux faire passer ses idées.
Il était réfractaire aux conformismes bourgeois et aux manœuvres politiques. Il
était aussi chanteur de la Muse Rouge, groupe de poètes et de chansonniers
révolutionnaires des années 1910. De nombreux poèmes de lui furent mis en
musique dans les années 1912-1914. Ses livres sillonnent son parcours, dans la
permanence de ses convictions politiques et philosophiques. C’est un esprit
libre, sincère, toujours jeune et honnête avec lui-même. Il a voulu être un
témoin de la colère et de la peine des hommes « qui s’usent au labeur pour
que d’autres s’habillent de soie » (NR). Il a refusé l’injustice toute sa
vie.
C’est grâce à notre amie Annie SPILLEBOUT, poète, lauréate de
l’Académie française et vice-présidente d’Art et Poésie de Touraine, hélas
décédée, que nous avons connu Eugène BIZEAU et avons été reçus chez lui au
début.
Quand il nous accueillait du haut des cent-deux ans et plus, il
aimait se préparer à notre visite. Il ratissait ses allées pour nous recevoir
comme il le faisait pour tous ses amis. Il aimait s’asseoir dehors avec nous,
devant sa maison fleurie, le regard tourné vers son jardin, pour parler autant
du passé que de nous ou de notre avenir. Il fixait aussi bien les souvenirs
récents que les anciens. Il disait en riant que les médecins s’intéressaient à
son cas. Il pouvait se lever et déclamer par cœur et avec passion, un de ses
poèmes ou un de ses auteurs préférés comme BÉRANGER ou un texte de Paul-Louis
COURIER ou un poème de Gaston COUTÉ. Puis on entrait en sa simple demeure aux
volets vert clair, dans la pièce principale qui n’était pas grande mais très
conviviale et là avec le sourire, il partait chercher une bouteille de Vouvray
pour trinquer à la fraternité, à la paix, à la poésie, à l’amitié avec nous. Il
fut un temps où il débouchait lui-même une de ses bouteilles sans étiquette, un
autre où il demandait à ses amis de le faire mais sans une plainte sur la
vieillesse, sans un regret inutile. Il buvait le temps présent, la joie de
recevoir ses amis. Le dos penché en avant, il cherchait dans son buffet une
boite en fer blanc qu’il ressortait et dans laquelle il y avait des boudoirs à
moins qu’il ne se dirige vers la cuisine s’il s’était lancé comme il le disait,
à faire un gâteau ! La simplicité de l’accueil mettait en relief, la chaleur
amicale et lorsque notre fille Claire arriva en mai 1987, il lui dédicaça en
vers, une carte postale, lui souhaitant « un siècle de vie heureuse ». Il
nous dit aussi que ce prénom lui était très cher puisqu’il l’avait choisi pour
sa fille et Claire fut à chaque fois reçue par lui comme un trésor ; même à son
âge, il gardait une admiration sans borne, pour le petit enfant qu’elle était et
qui s’éveillait à la vie.
Eugène BIZEAU a eu ses heures de gloire, au seuil de la
vieillesse. Par exemple pour fêter son centenaire, Christian PIROT a édité
« Eugène BIZEAU a 100 ans ! ». Dans ce livre, il rappelle sa vie, se basant en
particulier sur son cahier d’écolier qui était son journal intime puis son
engagement politique et il nous donne une sélection de ses poèmes extraits de
nombreux recueils ou censurés.
Pour ses cent ans, un film « Écoutez BIZEAU » a été tourné
montrant son côté charmant, romantique et aussi sa malice, sa sagesse et sa
bonhomie.
La presse tourangelle ne l’a pas non plus négligé puisque les
journalistes lui ont consacré des articles aussi bien de son vivant qu’après sa
mort. Dans « 104 printemps pour Eugène BIZEAU » (NR du 11 juin 1987), le
journaliste souligne qu’il vient de prendre des antibiotiques pour une
bronchite, pour la première fois de sa vie et qu’il écrit d’une main un peu
moins leste depuis l’an passé car il s’était fracturé la main droite. Mais je
peux vous dire, pour l’avoir connu à cet âge, qu’il écrivait d’une manière tout
à fait lisible, même si son écriture tremblait un peu.
Ayant vécu pendant presque cent-six ans, il a suivi l’évolution
du monde sur plus d’un siècle. Lui qui aime l’humour, il a ri d’avoir enterré de
nombreux militaires, lui le pacifiste ! Et il a encore ri d’avoir été réformé en
1914, au moment du service militaire pour faiblesse de constitution. Une manière
de faire un pied de nez à tous ceux dont il ne partage pas les idées…
Un article paru dans la Nouvelle République du Centre Ouest du
12 décembre 1989 « Eugène BIZEAU, prophète en son pays » rend hommage à ce poète
après sa mort et témoigne qu’il a toujours des amis qui veulent entretenir son
souvenir et son œuvre
Son œuvre :
Eugène BIZEAU a publié de nombreux recueils dont :
- « Balbutiements »,
- « Verrues sociales »,
- « Croquis de la rue » préfacé par Han Ryner avec des bois gravés de Germain DELATOUSCHE,
- « Paternité »,
- « Hommage à Paul-Louis COURIER »,
- « La muse au chapeau vert », préfacé par Paul GUTH avec des dessins originaux de TOUCHAGUES,
- « Recueil de chansons », avec des musiques de F-L de CARDELUS,
- « Entre la vie et le rêve »,
- « Disques et chansons »,
- « Les grappillons d’arrière-saison »,
- « Les sanglots étouffés »,
- « Lueurs crépusculaires ».
- « Verrues sociales »,
- « Croquis de la rue » préfacé par Han Ryner avec des bois gravés de Germain DELATOUSCHE,
- « Paternité »,
- « Hommage à Paul-Louis COURIER »,
- « La muse au chapeau vert », préfacé par Paul GUTH avec des dessins originaux de TOUCHAGUES,
- « Recueil de chansons », avec des musiques de F-L de CARDELUS,
- « Entre la vie et le rêve »,
- « Disques et chansons »,
- « Les grappillons d’arrière-saison »,
- « Les sanglots étouffés »,
- « Lueurs crépusculaires ».
Le recueil « Paternité » a été édité en 1938 par les éditions
du « Nid dans les branches » ; Eugène BIZEAU nous a offert ce livre lors d’une
rencontre chez lui, en août 1987 et il nous l’a dédicacé sans omettre de parler
de notre fille Claire :
La dédicace à elle seule prouve son attachement à l’enfant et les poèmes de ce recueil vont tous dans ce sens. Il se laisse bercer par la douceur du bébé par exemple dans le poème « Les berceaux » (page 9) qui commencent ainsi :
« Brins d’osier souple
Quel homme accouple,
Quel sera demain votre sort ?
- Nous serons les nids éphémères
Qui berceront le doux trésor
Quel homme accouple,
Quel sera demain votre sort ?
- Nous serons les nids éphémères
Qui berceront le doux trésor
Des mères.
(…) »
« Brins d’osier, brins d’osier,
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.(…) »
Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.(…) »
« Mais sur notre faiblesse il règne à sa manière,
Et ses moindres désirs ont pris force de loi
Depuis un an passé qu’il fait pipi sur moi !… »
Et ses moindres désirs ont pris force de loi
Depuis un an passé qu’il fait pipi sur moi !… »
« Plongé dans la surprise et le ravissement,
Max est toujours penché sur le berceau de Claire :
Cette petite sœur est faite pour lui plaire,
Aussi quand elle dort, il marche doucement.
(…) »
Max est toujours penché sur le berceau de Claire :
Cette petite sœur est faite pour lui plaire,
Aussi quand elle dort, il marche doucement.
(…) »
« J’ai rêvé de toute mon âme,
Rêvé comme on rêve à vingt ans,
Devant les beaux yeux d’une femme,
À l’éternité du printemps.
J’ai rêvé d’étreintes moins brèves
Et d’amour jamais achevé ;
Je ne sais plus où sont mes rêves…
Mais je sens bien que j’ai rêvé ! » (page 11)
Rêvé comme on rêve à vingt ans,
Devant les beaux yeux d’une femme,
À l’éternité du printemps.
J’ai rêvé d’étreintes moins brèves
Et d’amour jamais achevé ;
Je ne sais plus où sont mes rêves…
Mais je sens bien que j’ai rêvé ! » (page 11)
« Pourquoi, las de la vie et d’une âpre infortune,
Fuir l’appel rédempteur d’un rêve au clair de lune…
Et partir sans retour vers l’éternel néant ? »
Fuir l’appel rédempteur d’un rêve au clair de lune…
Et partir sans retour vers l’éternel néant ? »
(page 20, fin du poème « Questions
intimes »)
« Il n’existe pour nous qu’une heure impérissable,
Celle de notre amour en mal d’éternité. »
Celle de notre amour en mal d’éternité. »
(page 27, fin du poème « Pour toi »)
« Plus je pense à ta solitude,
Plus je pense à la mienne aussi…
Et plus je me fais de soucis,
Moins j’en accepte l’habitude. » (page 47)
Plus je pense à la mienne aussi…
Et plus je me fais de soucis,
Moins j’en accepte l’habitude. » (page 47)
« Et, conteur de bonne aventure,
Je découvre dans ta nature
Le souffle immortel de l’amour. » (page 35)
Je découvre dans ta nature
Le souffle immortel de l’amour. » (page 35)
« Pigeons d’amour battant des ailes
Dans un soutien-gorge entrouvert,
M’ont un jour donné « le feu vert »
Pour des découvertes nouvelles… » (page 52)
Dans un soutien-gorge entrouvert,
M’ont un jour donné « le feu vert »
Pour des découvertes nouvelles… » (page 52)
« Miracle de la vie ouvrant les lèvres closes
Des fleurs qui soupiraient dans leur corsage étroit…
Symbole de l’espoir et des apothéoses
Jetant lumière et paix sur nos chemins de croix ! » (page 69)
Des fleurs qui soupiraient dans leur corsage étroit…
Symbole de l’espoir et des apothéoses
Jetant lumière et paix sur nos chemins de croix ! » (page 69)
« Papillon d’amour,
Papillon frivole,
Le bonheur d’un jour
Avec toi s’envole…
Mais bien malheureux sont les cœurs fermés
Qui n’ont pas connu le bonheur d’aimer ! » (page 74)
Papillon frivole,
Le bonheur d’un jour
Avec toi s’envole…
Mais bien malheureux sont les cœurs fermés
Qui n’ont pas connu le bonheur d’aimer ! » (page 74)
« « Les rêves sont plus beaux que la réalité »,
(…)
Et chacun pleure en soi le bonheur qu’il n’a plus ! » (page
83)
« Exister, c’est aimer la vie,
(…)
C’est d’amour et de poésieEnrichir son âme et son cœur. » (page 101)
« Que jamais un cœur ne s’encombre
De regrets vains et superflus,
Le jour où je serai dans l’ombre
Parmi ceux qui n’existent plus. » (page 102)
De regrets vains et superflus,
Le jour où je serai dans l’ombre
Parmi ceux qui n’existent plus. » (page 102)
« Les Grappillons d’arrière-saison » publié en 1982, est
composé de deux cent douze poèmes. C’est le dernier livre de poèmes d’Eugène
BIZEAU ; il a pour but de conserver le rêve même à l’automne de la
vie :
Où l’on se recueille en rêvant,
Sous les feuilles d’or de l’automne
Qui s’en vont au souffle du vent. » (page de garde)
Après cette introduction, Eugène fait sa profession de foi personnelle avec le poème « J’écris depuis longtemps… » qui se termine par :
« (…) Je suis l’humble artisan d’une tâche
inféconde,
Mais devant les malheurs qui planent sur le monde,
Je rougirais d’être de ceux qui n’ont rien dit ! » (page 9)
Mais devant les malheurs qui planent sur le monde,
Je rougirais d’être de ceux qui n’ont rien dit ! » (page 9)
« Mais puisque nous restons vivants,
Bonne année à toi, que j’embrasse
En souhaitant que le printemps
Casse en deux l’hiver qui nous glace ! » (page 15)
Bonne année à toi, que j’embrasse
En souhaitant que le printemps
Casse en deux l’hiver qui nous glace ! » (page 15)
« (…) Et, le moment venu, ma volonté dernière
Est de partir sans bruit, sans plainte et sans prière,
Et de ne déranger personne pour mourir. » (page 52)
Est de partir sans bruit, sans plainte et sans prière,
Et de ne déranger personne pour mourir. » (page 52)
« Parmi tant de jolis villages
Sur les bords de l’Indre et du Cher,
Plus ancien que le Moyen-age,
Il en est un qui nous est cher.
Sur les bords de l’Indre et du Cher,
Plus ancien que le Moyen-age,
Il en est un qui nous est cher.
« Vérett », c’est ainsi qu’on le nomme
Sans prononcer le z final,
Est au siècle dur de l’atome
Un lieu de séjour idéal.
Sans prononcer le z final,
Est au siècle dur de l’atome
Un lieu de séjour idéal.
(…)
Le progrès ? Qu’il soit en nous-mêmes
Et nous serons heureux plus tard
D’avoir la beauté pour emblème
Et le culte des œuvres d’art.
En attendant l’heure incertaineEt nous serons heureux plus tard
D’avoir la beauté pour emblème
Et le culte des œuvres d’art.
Où seront exaucés ces vœux,
Au jardin des Fleurs de Touraine,
C’est Véretz que j’aime le mieux.»
Eugène n’a jamais dédaigné la bouteille et a toujours eu du
plaisir à trinquer avec ses amis en bon vigneron et digne successeur de
Paul-Louis COURIER ; s’il le dit, il aime à en plaisanter comme dans le poème
« Vacances à Boutx » adressé à des curistes et qui se termine ainsi :
« Et revenez vers la Touraine
Finir votre cure à Vouvray ! » (page 88)
Finir votre cure à Vouvray ! » (page 88)
Ou encore dans « Fraternité lyrique » :
« (…)
Mais en faisant honneur au Vouvray qu’on renomme,
Chacun gardait le sens de sa dignité d’homme
Pour sortir, le front haut, du temple de Bacchus…(…) » (page 102)
Mais en faisant honneur au Vouvray qu’on renomme,
Chacun gardait le sens de sa dignité d’homme
Pour sortir, le front haut, du temple de Bacchus…(…) » (page 102)
Eugène BIZEAU a toujours refusé les décorations par principe ;
il le confie à la poésie dans « Cas de conscience » :
« Si j’acceptais aussi le ruban d’Arts et Lettres,
Que gentiment vous m’offriez,
J’aurais le rouge au front et les remords d’un traître…
J’aime mieux vivre sans lauriers ! » (page 112)
Que gentiment vous m’offriez,
J’aurais le rouge au front et les remords d’un traître…
J’aime mieux vivre sans lauriers ! » (page 112)
Eugène traduit en vers son amour de la Touraine, en particulier
dans « Doulce Touraine » (page 114), « Le prieuré de Saint-Cosme » (page 115),
« Les roses de Ronsard » (page 116), « La Loire à Tours » (page 118), « Les
mariniers du Cher » (pages 124 à 126)…
En digne disciple de Paul-Louis COURIER, il fait les louanges
de ce dernier dans le sonnet « Les pastorales de Longus » dont voici un
extrait :
« Si j’avais par bonheur encore assez d’haleine
Et d’encre ineffaçable au fond d’un encrier,
Je voudrais rendre hommage à Longus, à Courier
Qui traduisit si bien l’œuvre du tendre Hellène. (…) » (page 152)
Et d’encre ineffaçable au fond d’un encrier,
Je voudrais rendre hommage à Longus, à Courier
Qui traduisit si bien l’œuvre du tendre Hellène. (…) » (page 152)
Pensant sentir la mort approcher mais elle se rira de lui,
Eugène du haut de ses ans, nous confie sa sagesse de vrai philosophe dans
« Renoncement » :
« À force de vieillir, on retombe en enfance,
Si ce n’est aujourd’hui ce sera pour demain…
Ce soir je m’abstiendrai de vous serrer la main
À vous pour qui mes vœux sont une lourde offense.
Si ce n’est aujourd’hui ce sera pour demain…
Ce soir je m’abstiendrai de vous serrer la main
À vous pour qui mes vœux sont une lourde offense.
Je vivrai dans l’oubli, dans l’ombre et le silence
Ne voulant plus noircir papier ni parchemin,
Dussé-je être abattu par le malheur humain
Qui m’a brisé le cœur d’un coup de fer de lance…
Ne voulant plus noircir papier ni parchemin,
Dussé-je être abattu par le malheur humain
Qui m’a brisé le cœur d’un coup de fer de lance…
Abandonnant mon rêve et m’éloignant des sots,
Je relirai Voltaire et Montaigne et Rousseau
Tant que mes yeux lassés me permettront de lire…
Après, la nuit viendra sur l’homme et son destin…Je relirai Voltaire et Montaigne et Rousseau
Tant que mes yeux lassés me permettront de lire…
Le nom des êtres chers vibrera sur ma lyre,
Et ce sera l’adieu de mon dernier matin. » (page 230)
Avec « Les sanglots étouffés » paru en 1982, Eugène BIZEAU
s’affirme pacifiste à tout prix. La couverture de ce livre en témoigne déjà ;
quatre vers y sont affichés pour clamer haut et fort, son idéal :
« Par tous les peuples de la terre
Assassinés depuis toujours,
« Ah ! que maudite soit la guerre »
Et que maudits soient les vautours ! »
Assassinés depuis toujours,
« Ah ! que maudite soit la guerre »
Et que maudits soient les vautours ! »
Ce livre, Eugène avait choisi de nous l’offrir et de nous le
dédicacer car il voulait semer la paix. Il nous écrit en septembre 1985 :
« À Monsieur et Madame CROSNIER, mes sympathiques
compatriotes, à leur amour de la paix : Les sanglots étouffés d’une époque
inoubliable et douloureuse où le sang des hommes coulait à flots dans un monde
en folie… Avec mes meilleurs souhaits de vie heureuse dans le bonheur et dans la
paix. »
Cette dédicace est caractéristique de l’optique de ce livre et
même le poids des ans n’a effacé en rien, la force de ses convictions comme dans
« Pour les nouvelles idoles » (page 13) qui se termine par un cri :
« - Halte à la barbarie ! Halte au massacre
immonde !
Halte au vol des obus ! Halte aux chars cuirassés !
Et que le sang des gueux, souffre-douleurs du monde,
Retombe en flots vengeurs sur ceux qui l’ont versé ! »
Halte au vol des obus ! Halte aux chars cuirassés !
Et que le sang des gueux, souffre-douleurs du monde,
Retombe en flots vengeurs sur ceux qui l’ont versé ! »
Ou bien dans l’épilogue du poème « Le témoignage des victimes »
(page 23) :
« Demandez-leur à tous, bourreaux, si votre règne
N’est pas celui du crime et de la chair qui saigne !… »
N’est pas celui du crime et de la chair qui saigne !… »
Si Eugène crie sa douleur devant ceux qui souffrent ou meurent
de la guerre, il sait aussi proposer aux lecteurs, un hymne de paix comme dans
« La colombe de Picasso » (page 37) dont voici deux extraits :
« La Colombe de Picasso,
Sous le ciel que l’amour déserte…
Garde en son bec la branche verte
Que le guerrier jette au ruisseau.
Sous le ciel que l’amour déserte…
Garde en son bec la branche verte
Que le guerrier jette au ruisseau.
(…)
Elle vivra, malgré l’assautDes vautours qui voudraient sa perte…
Elle étendra son aile ouverte
Sur les nids et sur les berceaux,
La Colombe de Picasso ! »
Eugène BIZEAU essaie de nous transmettre la force de son désir
de paix comme dans « Ce qu’il faut vouloir » (page 44) car « Ce qu’il faut
vouloir, c’est la paix ! ». Il ne veut pas rester passif et lance son
message dans le poème « Plus de canons » dont le titre revient comme un
leitmotiv (page 45) :
« Plus de canons, assez de jours funèbres,
Assez de morts, assez d’égorgements,
Assez de cris poussés dans les ténèbres
Et de sanglots dans le cœur des mamans.
(…) »
Assez de morts, assez d’égorgements,
Assez de cris poussés dans les ténèbres
Et de sanglots dans le cœur des mamans.
(…) »
Un des derniers poèmes de ce livre est un hommage à ceux qui
refusent de tuer. Il s’intitule « Honneur aux héros de la paix » (page 67) ; ce
sont ceux qui vont détruire la guerre à jamais. Le poème final dit bien que ce
n’est pas la solution de facilité ni un laxisme car le titre seul est déjà
évocateur « Lutter » (page 78) dont voici une partie du message :
« Lutter jusqu’à la fin du rêve ou du poème
Qui soutient notre cœur et l’enflamme en secret…
Et quand on n’est plus rien que l’ombre de soi-même,
Sourire à la jeunesse et partir sans regret ! »
Qui soutient notre cœur et l’enflamme en secret…
Et quand on n’est plus rien que l’ombre de soi-même,
Sourire à la jeunesse et partir sans regret ! »
Le recueil suivant du poète a pour titre « Lueurs
crépusculaires ». Il est édité à compte d’auteur en 1985 donc lorsqu’Eugène a
cent-deux ans. Pas étonnant qu’il s’estime à l’automne de la vie à ce moment et
qu’il souhaite envoyer au monde, un message de fraternité et d’amitié. De
nombreux poèmes sont dédiés à des amis dont Jacqueline DELPY, présidente d’Art
et Poésie de Touraine (page 22), à Germaine SATONNET, à Madame Jeannette
DUBOUILH, peintre, à Yvonne LE FUSTEC, à Jacqueline GROLLEAU, poète, à Lyne
CORBIERE-FRIERA, à Victor DUPRÉ, poète et peintre, … ; sa famille n’est pas
exclue ainsi le poème intitulé « Mai 1918 » (page 45) est consacré à son
fils :
« J’eus le cœur en fête
Lorsque tu naquis,
Malgré la tempête
Qui brisait les nids…
Lorsque tu naquis,
Malgré la tempête
Qui brisait les nids…
Pour l’homme et la bête,
Loin du paradis…
Plus d’espoir en tête
En ces jours maudits.
Loin du paradis…
Plus d’espoir en tête
En ces jours maudits.
Aujourd’hui, courage !
Évoquant l’image
D’un plus heureux temps,
Pour te voir le vivreÉvoquant l’image
D’un plus heureux temps,
Ailleurs qu’en un livre…
J’ai vécu cent ans ! »
Ce poème associe la paternité si importante pour Eugène à son
désir de paix exprimée au seuil de la guerre mais l’espoir domine et Eugène a
confiance et pense qu’à ces jours maudits, d’autres vont suivre qu’il appelle
heureux temps. Il est fier d’avoir vécu assez longtemps pour voir fleurir la
paix et nous ne pouvons que nous réjouir avec lui de ce temps de paix. Il sait
aussi dégager l’humour comme dans le poème « Amour et cigarette » (page 63) où
il parle en philosophe aimant rire :
« Toujours amour et cigarette
Ont une existence enflammée ;
Tous deux nous font rougir la crête…
Et tous deux s’en vont en fumée ! »
Ont une existence enflammée ;
Tous deux nous font rougir la crête…
Et tous deux s’en vont en fumée ! »
Ce poète veut vivre sa vie mais pas futilement ainsi qu’il nous
l’affirme dans « Les marchands de bonheur » (page 93) qui commencent ainsi :
« Les marchands de bonheur, ce sont de faux
apôtres
Fascinant les esprits d’un message trompeur ;
Plus ils ont de talent, plus ils bernent les autres…
Fascinant les esprits d’un message trompeur ;
Plus ils ont de talent, plus ils bernent les autres…
Ce sont de faux apôtres,
Les marchands de bonheur !
Les marchands de bonheur !
(…) »
Pour lui, Dieu est un leurre comme un marchand de bonheur
illusoire et il reste incrédule ainsi en témoigne son poème « Incrédulité »
(page 109) qui se termine par :
« À celui qui toute sa vie
Tira le diable par la queue,
Ne parlez pas, je vous en prie,
Ne parlez jamais du « bon dieu » ! »
Tira le diable par la queue,
Ne parlez pas, je vous en prie,
Ne parlez jamais du « bon dieu » ! »
Ayant eu une vie dure, il a du mal à accepter les progrès
énormes de la médecine et se pose la question de l’éthique dans « Greffe du
cœur » (page 130) :
« Mais de quel droit nouveau l’homme est-il donc
l’apôtre
Pour prendre un cœur vivant sur un mort incertain
Et prolonger ses jours avec le cœur d’un autre ? »
Pour prendre un cœur vivant sur un mort incertain
Et prolonger ses jours avec le cœur d’un autre ? »
Depuis la médecine a fait encore bien des progrès mais sont-ce
toujours des progrès et ne devons-nous pas nous poser les mêmes questions que le
poète face à l’escalade des prouesses techniques si nous avons un doute sur le
respect humain ?
Son avenir :
Eugène BIZEAU n’est pas vraiment mort puisque ses amis
entretiennent son souvenir. L’association des amis d’Eugène BIZEAU a son siège à
Véretz. Le personnel de la municipalité a décidé de donner son nom à la nouvelle
salle des fêtes.
Lors de l’inauguration, plusieurs centaines de personnes
étaient réunies pour parler de lui et de poésie ; des manifestations culturelles
avaient été organisées sur deux week-ends, au sujet du poète. En sa demeure, rue
Chaude, grâce à sa famille, une exposition était conjointement proposée,
retraçant l’intimité du poète : ses manuscrits, ses objets familiers, ses
lettres, souvenirs d’amis, ses œuvres et partitions de chansons. Conjointement,
une exposition d’Eugène BIZEAU à travers la presse, se trouvait à la salle
polyvalente en particulier le samedi 25 novembre 1989. J’étais là parmi tant
d’autres pour entretenir la mémoire de ce poète et j’ai retrouvé récemment un
article de la Nouvelle République du Centre Ouest du 12 décembre 1989, qui fait
état de cette journée ; la photo à l’appui se situe dans la salle à manger du
poète et des personnes sont autour d’une vitrine où sont exposés divers
manuscrits et objets. J’ai eu le plaisir de me reconnaître sur cette photo ce
qui sera donc pour moi, un souvenir de plus avec ce poète.
Des livres récents parlent d’Eugène BIZEAU puisqu’en 1983,
Christian PIROT a eu le mérite de rééditer quelques morceaux choisis, « Chansons
et poésie », pour ses cent ans. C’est un très beau livre illustré de photos et
caricatures et dans lequel de nombreux poèmes de l’auteur sont mis en valeur. Il
a renouvelé l’expérience en 1988, en rééditant « Verrues sociales », « Croquis
de la rue » et « Guerre à la guerre ».
Les journaux locaux n’ont pas hésité à demander un poème à
Eugène comme par exemple, la Touraine Mutualiste en 1987 : il avait alors écrit
« Secours mutuel » dédié aux mutualistes ; ce poème fut lu lors d’une cérémonie
d’ouverture au Prieuré de Saint-Cosme et il commence ainsi :
« Si tu veux tenir tête à l’âpre adversité,
Homme, unis tes efforts à ceux des autres hommes :
L’entraide universelle et la fraternité
Te sortiront alors de l’abîme où nous sommes… »
Homme, unis tes efforts à ceux des autres hommes :
L’entraide universelle et la fraternité
Te sortiront alors de l’abîme où nous sommes… »
Eugène BIZEAU est bien poète de Touraine ; il aime
l’harmonieuse clarté du vers classique et écrit avec facilité. Il est aussi un
ardent défenseur de ses idées et continue de l’être après sa mort, à travers ses
écrits. Il nous dit « guerre à la guerre ». Ce qu’il veut, c’est le règne de la
justice et même si le lecteur ne partage pas toutes ses idées, il ne peut
qu’être respectueux devant son œuvre, sa sincérité et sa fidélité au fil du
temps à ses convictions. Eugène BIZEAU n’a jamais vieilli. Il doit sa jeunesse
certes à sa vitalité mais aussi à son esprit optimiste car il a toujours gardé
l’espoir de faire passer ses idées. Eugène, en restant jeune du haut de tes
presque cent-six ans et même après ta mort, tu nous donnes une belle leçon
d’optimisme ! À nous de savoir la recevoir.
Catherine RÉAULT-CROSNIER
NB : En deuxième partie de la Rencontre, la vie et l’œuvre d’Anne BIZEAU, son épouse, et de Max BIZEAU, son fils, ont été présentées.
Bibliographie
Anne BIZEAU, Souvenance, auto-édition, 1970, 231 pages
Eugène BIZEAU, Paternité, éditions du Nid dans les Branches,
1938, 160 pages
Eugène BIZEAU, Entre la vie et le rêve, auto-édition, 1978, 119
pages
Eugène BIZEAU, Les grappillons d’arrière-saison, auto-édition,
1982, 239 pages
Eugène BIZEAU, Les sanglots étouffés, auto-édition, 1982, 78
pages
Eugène BIZEAU, Lueurs crépusculaires, auto-édition, 1985, 147
pages
Eugène BIZEAU, Croquis de la rue, éditions Christian PIROT,
1988, 71 pages
Eugène BIZEAU, Verrues sociales, éditions Christian PIROT,
1988, 77 pages
Max BIZEAU, Éclats, éditions Saint-Germain-des-prés, 1991, 172
pages
Max BIZEAU, lettre adressée à Catherine RÉAULT-CROSNIER, le 26
novembre 1999
Christian PIROT, Eugène BIZEAU a 100 ans, chansons et poésie,
éditions Christian PIROT, Saint-Cyr-sur-Loire, 1983
SIMONOMIS, Eugène BIZEAU, vous avez dit BIZEAU ? Dialogue avec
un poète de … 103 printemps !, Les Dossiers d’Aquitaine, 1986, 51 pages
La Nouvelle République du Centre-Ouest du 12 juin 1987, « Les
104 ans d’Eugène »
Pierre FAVRE, article de la Nouvelle République du Centre-Ouest
du 30 juin 1988
La Nouvelle République du Centre-Ouest du 12 décembre 1989,
« Eugène BIZEAU, prophète en son pays », page F
Le Magazine de la Touraine n° 15 de juillet 1985, « Eugène
BIZEAU, le centenaire anarchiste de Véretz », pages 35 à 41
Le Magazine de la Touraine n°31 de juillet 1989, « Hommage à
Eugène BIZEAU », pages 36 et 37
Eugène Bizeau : « Partir sans regret »
« Je suis l'humble artisan d'une tâche inféconde, mais devant les malheurs qui planent sur le monde, je rougirais d'être de ceux qui n’ont rien dit ! ». Eugène Bizeau a écrit, beaucoup écrit. Il s'arrêta le 17 avril 1989. Nous attendions le 29 mai pour lui souhaiter son 106e anniversaire. La disparition d'Eugène Bizeau, « chansonnier anarchiste », ancien membre de la « Muse rouge », touche toutes celles et tous ceux qui l'ont rencontré, vu ou simplement lu. Cette année, les parfums du lilas et du muguet ne viendront pas charmer les rencontres organisées pour son anniversaire.
Le 29 mai, Eugène Bizeau aurait eu 106 ans, le poète-vigneron-pacifiste était comme une renaissance permanente, un appel à la vie pour tous ceux qui l'ont rencontré, ne serait-ce qu'une fois !
Le secret de sa ténacité était sa lutte pour un pacifisme mondial. Toute sa vie Bizeau a écrit : « Lutter pour le succès des causes généreuses / Pour l'idéal de paix dont on a la fierté / Pour le destin meilleur des plèbes douloureuses / Pour le bonheur du monde et pour la liberté. »
La lutte d'Eugène Bizeau fut quotidienne, toujours à l'écoute des causes généreuses. Cette lutte le ramenait au minimum d'illusions. Une force utile pour agir, contre la misère, l'injustice sociale, la pauvreté, l'indifférence, les compromissions. Le rêve était dans l'espoir mis dans ses poèmes. La critique était dans sa voix n'épargnant pas les responsables des destins tragiques ; les gouvernements et les militaires. « Les crâneurs, les oliborons / Du Grand-Guignol parlementaire / Et tous les sabreurs de la Terre / Soufflent déjà dans leurs clairons / Pour fêter la bombe à neutrons » (1978). Eugène Bizeau n'a pas lutté en vain. Toujours étonné par l'acharnement des hommes à fabriquer leur propre mort, il donne espoir à ceux qui cherchent la paix et la liberté.
Lentement. Eugène Bizeau nous a passé le flambeau. Sa mémoire grandit la lutte des pacifistes.
« Lutter jusqu'à la fin du rêve ou du poème / Qui soutient notre cœur et l'enflamme en secret / Et quand on n'est plus rien que l'ombre de soi-même / Sourire à la jeunesse et partir sans regret. »
Le 29 mai, Eugène Bizeau aurait eu 106 ans, le poète-vigneron-pacifiste était comme une renaissance permanente, un appel à la vie pour tous ceux qui l'ont rencontré, ne serait-ce qu'une fois !
Le secret de sa ténacité était sa lutte pour un pacifisme mondial. Toute sa vie Bizeau a écrit : « Lutter pour le succès des causes généreuses / Pour l'idéal de paix dont on a la fierté / Pour le destin meilleur des plèbes douloureuses / Pour le bonheur du monde et pour la liberté. »
La lutte d'Eugène Bizeau fut quotidienne, toujours à l'écoute des causes généreuses. Cette lutte le ramenait au minimum d'illusions. Une force utile pour agir, contre la misère, l'injustice sociale, la pauvreté, l'indifférence, les compromissions. Le rêve était dans l'espoir mis dans ses poèmes. La critique était dans sa voix n'épargnant pas les responsables des destins tragiques ; les gouvernements et les militaires. « Les crâneurs, les oliborons / Du Grand-Guignol parlementaire / Et tous les sabreurs de la Terre / Soufflent déjà dans leurs clairons / Pour fêter la bombe à neutrons » (1978). Eugène Bizeau n'a pas lutté en vain. Toujours étonné par l'acharnement des hommes à fabriquer leur propre mort, il donne espoir à ceux qui cherchent la paix et la liberté.
Lentement. Eugène Bizeau nous a passé le flambeau. Sa mémoire grandit la lutte des pacifistes.
« Lutter jusqu'à la fin du rêve ou du poème / Qui soutient notre cœur et l'enflamme en secret / Et quand on n'est plus rien que l'ombre de soi-même / Sourire à la jeunesse et partir sans regret. »
Eugène Bizeau : Hommage à Paul-Louis Courier (1972)
Né à Véretz (Indre-et-Loire) le 29 mai 1883 ; mort le 17 avril 1989 à l'hôpital de Tours ; vigneron, apiculteur, chansonnier, anarchiste.
Deuxième enfant d'une famille de vignerons républicains, Bizeau obtint à treize ans son certificat d'études primaires. Adolescent, il s'abonne au Libertaire et au Père Peinard ; il exerça divers métiers avant de devenir vigneron.
Son père, libre-penseur, était un lecteur attentif de Proudhon.
Lui-même lisait beaucoup et collabora par chansons et poèmes à de nombreux périodiques anarchistes, l'Anarchie, L'Idée libre, Le Luth français, Hors du troupeau, le Réfractaire.
Il publia en 1910 et 1914 deux recueils de vers : Balbutiements et Verrues Sociales.
Membre de la Muse Rouge1, à partir de 1910, il écrivit plusieurs chansons. A cette époque, il se dépeignit lui-même en ces termes :
Deuxième enfant d'une famille de vignerons républicains, Bizeau obtint à treize ans son certificat d'études primaires. Adolescent, il s'abonne au Libertaire et au Père Peinard ; il exerça divers métiers avant de devenir vigneron.
Son père, libre-penseur, était un lecteur attentif de Proudhon.
Lui-même lisait beaucoup et collabora par chansons et poèmes à de nombreux périodiques anarchistes, l'Anarchie, L'Idée libre, Le Luth français, Hors du troupeau, le Réfractaire.
Il publia en 1910 et 1914 deux recueils de vers : Balbutiements et Verrues Sociales.
Membre de la Muse Rouge1, à partir de 1910, il écrivit plusieurs chansons. A cette époque, il se dépeignit lui-même en ces termes :
Tourangeau frisé, frisant la trentaine, | |||||
Vit par ses efforts sur le sol natal, | |||||
Pétrit ses chansons d’amour et de haine | |||||
Et se trouve bien d’avoir tourné mal |
Réformé en 1914, il écrivit des poèmes anticolonialistes, anticléricaux et pacifistes. Il collabora à CQFD de Sébastien Faure, Pendant la Mêlée, et Par-delà la Mêlée, journaux d'Armand (1915-1917). En 1916, il épousa une institutrice qu'il avait connue par les journaux d'Armand et dont il eut deux enfants, Max-Olivier et Claire. En 1936, il vivait avec sa famille à Massiac (Cantal) travaillant comme jardinier et agriculteur. Il continuait à collaborer à de nombreuses publications anarchistes ; citons : Le Libertaire, depuis 1920, La Revue anarchiste, n° 1, 28 janvier 1922, Le Semeur, de 1927 à 1936, La Voix libertaire en 1932, Contre-courant, revue de Louis Louvet, L'Unique, en 1950-1951, etc.
En 1980-1981, Eugène Bizeau, toujours alerte, participa au tournage d'un court métrage : Écoutez Bizeau réalisé par Bernard Baissat avec la participation de l'historien Robert Brécy. En 1983, il remporta la palme du « plus vieux lecteur du Canard enchaîné ». Eugène Bizeau mourut le 16 avril 1989 à l'hôpital de Tours, à presque cent six ans. Il fut enterré à Véretz. Lors de cette cérémonie, la Muse Rouge était représentée par M. Fredy et la Société des amis de Paul-Louis Courier par son président Gabriel Spillebout. Le 24 mai 2009, la SAPLC en la personne de son secrétaire général a rendu hommage à Eugène Bizeau pour les vingt ans de sa disparition. (photo O Lautman)
Quand il parlait de Paul-Louis Courier, il aimait à rappeler que sa grand-mère fut la dernière personne à avoir vu M. Courier vivant.
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Personnage pas assez connu!!
RépondreSupprimerPour info, je vous signale que le Théâtre de Vaugarni donnera jeudi 11 novembre une création théâtrale en hommage à Eugène Bizeau par le Trio Hellébore. C'est à 16h30 ce jeudi 11 novembre, 13&10€, réservations sur le répondeur : 02 47 73 24 74
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